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12:40 a.m. - 2007-09-06
Les gars et les filles!
C'est l'histoire d'un gars, son nom est Roger et en ce moment, il a envie de sortir avec une fille qui s'appelle Lucette. Il lui demande si �a lui dirait d'aller au cin�ma; elle accepte. La soir�e se passe tr�s bien. Quelques jours plus tard, il lui demande si �a lui dirait d'aller au restaurant; elle accepte; une fois encore, ils passent une bonne soir�e. Ils continuent � se voir r�guli�rement pendant un moment, jusqu'� ce que finalement, toutes leurs sorties � l'un comme � l'autre se fassent ensemble.

Du coup un beau soir, alors que Roger raccompagne Lucette chez elle, une pens�e vient envahir l'esprit de Lucette, et sans vraiment r�fl�chir, elle dit tout haut: - Est-ce que tu r�alises que ce soir, cela fait 6 mois que l'on sort ensemble?

Et alors, ce fut le silence dans la voiture. Pour Lucette, ce fut un long, tr�s long silence. Elle pensa: "Aie! Je me demande pourquoi je lui ai demand� �a. Peut-�tre se sent-il un peu comme emprisonn� par notre relation, peut-�tre pense-t-il que j'essaie de l'obliger � faire quelque chose qu'il n'a pas envie de faire, ou qu'il n'est pas encore s�r de pouvoir prendre."

Et Roger pensa: "Merde alors! D�j� 6 mois"

Et Lucette pensa: "Mais je ne suis pas s�re que je veuille continuer ce genre de relations, moi. Quelquefois, j'aimerais savoir vers quoi nous allons tous les deux.... Allons nous toujours rester � ce degr� d'intimit� actuel, allons nous nous marier? Aurons nous des enfants, passerons nous la vie ensemble? Et puis, est-ce que je le connais vraiment finalement?"

Et Roger pensa: "... alors �a veut dire qu'on �tait... voyons voir... oui c'est �a, F�vrier quand on a commenc� � sortir ensemble. C'�tait juste apr�s avoir achet� la voiture, ce qui signifie ... regardons un peu le compteur... Wow! J'aurai d�j� du faire la vidange depuis longtemps!"

Et Lucette pensa: "Il est �nerv�. Je peux le voir sur son visage. Peut-�tre est-ce que je me trompe compl�tement. Peut-�tre veut-il que notre relation soit beaucoup plus forte, beaucoup plus intime... Et c'est pour �a que je sens de la r�serve de sa part. Oui, je parie que c'est �a, c'est pourquoi il parle tr�s peu de ses propres sentiments: il a peur d'�tre rejet�."

Et Roger pensa: "Et j'en profiterai pour jeter un coup d'oeil � la transmission. Bien que ces abrutis m'aient dit que tout �tait r�gl� maintenant, moi je sens bien que �a craque toujours un peu. Et qu'ils ne viennent pas me dire que c'est d� au temps froid. M�me quand il faisait 25 degr�s dehors, �a le faisait. Quand je pense que j'ai pay� la r�paration de ces voleurs 3 000 ff!"

Et Lucette pensa: "Il est en col�re. Et je ne peux pas lui en vouloir. Je serais en col�re aussi � sa place. Mon Dieu, je me sens coupable de le mettre dans cet �tat, mais je suis oblig�e: moi non plus je ne me sens pas s�re de notre relation."

Et Roger pensa: "Ils vont probablement dire que la garantie ne couvre que 90 jours apr�s la r�paration. Ouais! c'est exactement ce qu'ils vont dire les salauds!"

Et Lucette pensa: "Peut-�tre est-ce que je suis trop id�aliste... Quelle id�e d'attendre un chevalier qui viendrait sur son cheval blanc!... Alors que je suis ici � c�t� de la bonne personne, une personne avec qui j'ai du plaisir � passer tout mon temps, une personne pour laquelle j'ai de l'attention et qui semble aussi avoir de l'attention pour moi. Une personne qui a de la peine maintenant � cause de mon attitude �gocentrique de petite fille romantique!"

Et Roger pensa: "Garantie? Ils en veulent une de garantie? Je vais leur en donner une! Je vais prendre leur garantie et je vais la leur coller dans le ...

"Roger !" dit Lucette tout haut.

"Quoi?" r�pondit Roger effray�.

"S'il te pla�t, ne te torture pas l'esprit comme tu le fais en ce moment" dit Lucette et elle ajoute sans pouvoir finir ses phrases: "Peut-�tre je n'aurais jamais du ... Oh mon Dieu, je me sens si ... "

et ses yeux se remplissent de larmes tout en parlant. (Lucette se taisait maintenant, et elle sanglotait.)

"Qu'est-ce qu'il y a?" dit Roger.

"Je suis tellement b�te" dit Lucette en sanglotant. "Je veux dire, je sais bien qu'il n'existe pas de chevalier. Je sais bien que c'est stupide. Il n'y a pas de chevalier, pas plus qu'il n'y a de cheval."

"il n'y a pas de cheval?" demanda Roger abasourdi.

"Tu me prends pour une folle, n'est-ce pas?" demanda Lucette.

"Non!" dit Roger, tr�s content d'�tre s�r de donner la bonne r�ponse.

"C'est que ... C'est que je ... J'ai besoin de temps." dit Lucette.

(Il y eut alors une pause d'une quinzaine de secondes pendant lesquelles Roger, essayant de r�fl�chir aussi vite qu'il le pouvait, essayait de trouver la r�ponse ad�quate � ce que venait de dire Lucette. Finalement, il pensa avoir trouv� et reprit la parole...)

"Oui" dit Roger. (Lucette tr�s �mue lui prit la main.)

"Oh, Roger, tu penses r�ellement la m�me chose que moi?'' dit-elle.

"� propos de quoi?" demanda Roger.

"� propos du temps" dit Lucette.

"Oh" dit Roger, "Oui bien s�r."

(Lucette tourna alors son visage vers celui de Roger et le regarda alors profond�ment dans les yeux, ce qui le rendit tr�s nerveux � propos de ce que Lucette allait dire lorsqu'elle parlerait, surtout si il y avait le mot 'cheval' dans l'histoire. )

"Merci Roger" dit alors Lucette.

"Merci" dit Roger.

Puis Roger ramena Lucette chez elle, et elle se coucha sur le lit, son �me en conflit, tortur�e, et des larmes plein les yeux. Alors que pendant ce temps, Roger, en rentrant chez lui avait ouvert un paquet de chips, avait allum� la t�l�, et s'�tait tout de suite plong� dans un match de tennis qui opposait un serbe et un roumain dont il n'avait jamais entendu parl� auparavant. Une petite voix lui disait bien que quelque chose d'important s'�tait jou� tout � l'heure dans la voiture, mais il �tait � peu pr�s s�r que comprendre de quoi il s'agissait n'�tait pas � sa port�e, et donc, il avait d�cid� que le mieux � faire �tait de ne plus y penser.

Le lendemain, Lucette appela au t�l�phone ses amies les plus proches, et elles parl�rent de leur situation � elle et � Roger pendant toute l'apr�s-midi. Elles pass�rent en revue tout ce que Lucette avait dit, tout ce que Roger avait r�pondu, consid�rant chaque mot dit par l'une et par l'autre, essayant d'en d�duire toutes les implications. Elles continu�rent � parler de �a pendant des semaines, peut-�tre des mois, sans se lasser, mais en n'obtenant jamais de conclusion d�finitive � ce sujet.

Pendant ce temps, Roger, un jour qu'il jouait au squash avec un ami commun � lui et � Lucette, s'arr�ta juste avant de servir et demanda: "Dis donc Patrick, est-ce que Lucette poss�de un cheval?"

(cet article fait partie d'un bouquin �crit par Dave Barry, humoriste et chroniqueur am�ricain : "Dave Barry's Guide to Guys".)

 

 

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